Dites au Doménois
qu'il vit sur un cône de déjection et vous vous ferez recevoir.
C'est bien le drame du géologiquement correct qui ignore la pesanteur
du temps et la fragilité du Doménois. Tout ça, c'est
de la faute de ce sauvageon de Domeynon qui a surgi d'une blessure du massif
de Belledonne se répandant dans la plaine du Grésivaudan pour
se perdre en compagnie de l'Isère puis du Rhône dans les flots
bleus de la Méditérranée. Ah, ce Domeynon, il peut surgir encore de la Belledonne en colère comme pendant la nuit du23 aout 2005 où il détruisit plusieurs maisons au quartier des Chenevières... Habituellement
domestiqué et écologiquement correct, il a la délicatesse
de perdre son énergie en poussant quelques électrons dans
d'étranges cables de cuivre tendus vers la vallée; puis il
offre quelques mètres de sérénité à d'impénitents
pécheurs; le voilà qui se met à fouiller sous le village
avant de resurgir dans de vifs tourbillons au coeur même des habitations,
inondant la tranquille promenade de ses joyeux tumultes; ainsi, il propulse
quelques fragiles promeneurs hors des vicissitudes circulatoires et automobiles.
Quittant ces promeneurs désormais ravis, le voilà qui saute
au dessus d'une voie de fer posée là, exprès et peut-être
même en express, pour lui barrer la route. Enfin libre, il tombe dans
les tourments de l'Isère vers un nouveau destin ensoleillé.
Ah, Domeynon, combien de tes gouttes évaporées sont-t-elles
revenues, par étourderie, blanchir les flancs de cette Belledonne
blessée?Cycle de l'eau... Cycle
de la Vie!