Pas
facile de poser une nouvelle couverture sur une charpente archaïque.
Eh oui, elle est bien archaïque cette charpente et même doublement
archaïque puisqu'elle réunit deux parties élevées
à quelques dizaines d'années d'intervalle pendant le XIX
ème siècle. Ce toit à deux pans est, d'après
l'excellent ouvrage "Patrimoine en Isère- Pays de Domène"
caractéristique du début du XIXème et la forte pente
de cette toiture garde le souvenir des matériaux anciens; à
savoir le chaume et le bois qui ont totalement disparu depuis cette époque.
Ce fut au profit de matériaux minéraux, métalliques
ou synthétiques à l'aspect immuable comme la tuile ou la
tôle pour ne pas parler de ce fibro-ciment honni. Quel dilemme et
quel paradoxe de vouloir refaire à l'ancienne la couverture d'une
maison de pierres laissées apparentes. Du chaume? pas question:
ça prend feu - de plus, pour respecter la tradition - il eut fallu,
nous dit-t-on, utiliser de la paille de seigle totalement introuvable!
Aussi, en désespoir de cause, nous sommes nous jetés dans
les fils de la toile de ce web tant décrié et avons nous
trouvé l'homme de la situation en la personne de François Ferry, Compagnon du Devoir devant l'Eternel - et surtout tenant
du titre de bardelier. Enfin, couvrir en bois était possible et
c'était une chance car seulement quelques Compagnons avaient su
retrouver depuis quelques années ce savoir-faire ancestral.
Regardons
ces toits de bois aux écailles chatoyantes qui jouent avec la lumière
du soleil... Quelle étrange simplicité dans les bardeaux
qui seront assemblés pour couvrir et protéger la maison
contre les intempéries: une simple planchette de bois de courte
longueur; elle est obtenue en fendant sur deux faces un billot de mélèze.
On le devinera: ce mélèze-là n'a pas poussé
n'importe où et n'importe comment: il est de droit fil ni senestrose
ni dextrose pour ne pas se déformer avec les variations d'humidité.
(cf "Toits de bois en Europe" de Thierry Houdart
aux éditions Maîade). Chêne ou châtaignier aurait pu
convenir; le mélèze résineux a, dit-on, des vertus
antimousse intéressantes pour la partie nord-est du toit, peu exposée
au soleil. Nous n'en dirons pas plus si ce n'est que les vingt quatre
mille bardeaux de 10 cm de large sont assemblés en lignes horizontales
parfaites sur une longueur de 16 mètres; ils se superposent 3 fois
en épaisseur et tous les joints sont croisés: quel savoir-faire
incroyable ont donc nos amis bardeliers!

Du cuivre
recouvre la cheminée: le ruissellement de l'eau de pluie ne fera pas de trainées
sur le bois.
Autre pays, autres tavaillons. En Finlande, un toit en écorce de bouleau.

Et le clocher de l'église qui date du moyen-âge à Örkelljunga, en Suede, a été recouvert de tavaillons.
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