Le four à pain

Cette" maison four" décrite dans l'acte de donation du 26 février 1862 comportait un four à pain. Le seul témoin de cet édifice de la maison semble être le potager que l'on trouve dans la pièce du bas attenante au pignon sud-est. La gueule de ce four devait donc donner directement dans cette pièce où des traces d'enduit de chaux peint sur les murs et un vieux vaisselier abandonné semblaient témoigner de la fonction de pièce à vivre de ce local.La présence d'un ancien conduit de fumée, intégré dans le pignon sur le côté gauche du potager qui aurait pu servir de débouché à l'avaloir du four, va tout à fait dans ce sens

Il se serait agi donc d'un four accolé au logis et protégé par un toit à une pente adossé au pignon sur une poutre posée sur les deux sablières sud et nord, poutre retrouvée en piteux état au moment de l'achat. Sous ce toit, des blocs de pierre de grande taille placés en face du potager pouvaient bien être les restes du socle de ce fantôme de four.

Toujours est-il que, depuis belle lurette, on pense que la cuisson des céréales, pour indispensable qu'elle soit, pouvait se déléguer, même dans les campagnes, à des gens de métier.. On peut lire dans l'excellent livre "Histoire naturelle et morale de la nourriture" de Maguelonne Toussain-Samat, ed. Bordas 1987, que : "dès le XXV e siècle avant notre ère les Egyptiens commencèrent à faire preuve d'une certaine technique boulangère". Pauvres pharaons aux dents usées par le sable qui rentrait dans la composition de leur pain.

Oui mais, rendons aux Grecs ce qui n'est pas à César : ce sont bien eux qui ont" inventé le véritable four préchauffé à l'intérieur s'ouvrant de face qui sera ensuite utilisé en cuisine" Depuis le gout du pain n'a cessé de s'améliorer "nourriture essentielle il est devenu le symbole de l'aliment par excellence".Et le dédaigneux "panem et circenses" qu'adressa Juvénal aux Romains décadents n'y changera rien !

Tout ça c'est bien beau, Qu'est ce qu'il ne nous plait pas dans le pain d'aujourd'hui malgré les appellations rurales et autres artifices commerciaux : sa consistance sa saveur, son peu de conservation. Alors on cherche le pain "fait comme autrefois " et certains boulangers admirables qui pratiquent ainsi font toujours d'excellents pains très appréciés

Alors fallait-il, malgré cela, chercher à faire soi-même son pain? D'abord on fait ce que l'on veut ! et puis, peut-on cacher un certain plaisir que l'on a à préparer et à cuire son pain en famille et dans la sénénité face à l'admirable panorama du massif de Belledonne?. Un certain plaisir aussi à retrouver et à faire partager à son fils, un savoir-faire ancien dans la confection d'un four à pain, Donc, par conséquent et ipso facto voilà comment cette vieille grange a pu sentir de nouveau un four à pain s'adosser sur son pignon sud-est et pouvoir, quelques jours de l'été, embaumer de cette odeur inimitable du pain bien cuit se mélant à celle du foin coupé ou au subtil parfum de la lavande.

Il convenait donc de créer, à la manière des grecs, un four préchauffable s'ouvrant de face.Le matériau de base du siècle passé était la brique refractaire maconnée au ciment du même nom ce qui a permis de réaliser une "boite de chaleur" dont les parois puissent monter suffisamment haut en température et la garder au moins quarante-cinq minutes pour la cuisson du pain.

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L'ouverture........................?????????????????????????la voûte au dessus.

Pour bâtir la gueule du four, on dispose d'un gabarit de forme elliptique. C'est le moment de se rappeller comment tracer une ellipse. Simple comme bonjour:quand on connaît le truc:

Il faudra réaliser deux types de gabarits: les petits pour batir la gueule et le fond; les grands, obtenus à partir des petits en s'écartant de la largeur des briques, pour la voute. Ces grands gabarits sont échancrés pour pouvoir être enlevés après séchage du ciment

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On obtient ainsi une cavité à chauffer dont on peut se demander comment il sera possible d'y faire bruler quelque chose étant donné qu'il n'y a pas de cheminée d'évacuation. Ben, mon bon monsieur, les merveilles de la thermodynamique associées à la poésie du grec inventeur font qu'a partir du moment où le feu a bien voulu prendre, il s'établit un régime de tirage tel que l'air froid admis en bas alimente à bon escient le sus-dit feu qui exhale dans la partie haute de la gueule des gaz brulants qui viennent de déposer dans la voûte de précieuses calories .Sans cheminée, ces mêmes calories pourront être stockées en assurant une isolation thermique de la voute. Dans notre construction, faisant fi de toutes les laines de verre ou même de roche , il a été préféré d'utiliser du sable bien sec qui couvre entièrement le four ; pas n'importe quel sable d'ailleurs, car c'est très précisémént du sable de rivière dont la forme arrondie des grains en font un matériau qui allie fort judicieusement des qualités de stockage et d'isolation de calorie ; ainsi cette dernière disposition permet d'augmenter la chaleur accumulée tout en isolant l'ensemble ; étonnant non! Enfin ce sable ne devra pas prendre l'humidité, aussi on prévoira de poser dessus un voile écran pour éviter des prise d'humidité possible par le fait que notre four vit dehors : de vieux journaux font bien l'affaire, eux aussi isolent!

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Pour allumer un feu dans cette cavité sans cheminée, il convient de poser le bucher en recul par rapport à la gueule de façon à ce que les gaz de combustion disposent d'un volume suffisant pour se développer. Alors quel type de bucher: le bucher "Jeanne d'Arc" en forme de cube ou le bucher indien en forme de tente. Avec une pensée pour la vaillante Jeanne c'est le sien qui est le mieux adapté: il permet aux gaz de combustion créés à mi-hauteur de partir verticalement lécher la voute sans se rabattre vers la sole avant de s'échapper dans la partie haute de la gueule Dans la photo ci-dessus à gauche , on voit bien la fumée s'échapper dans la partie haute de la gueule tandis que l'air froid entre par le bas en léchant la sole. Est-il necessaire de préciser qu'il est vivement conseillé d'utiliser un bois bien sec pour éviter de perdre des calories à évaporer inutilement de l'eau dans le processus de combustion. D'ailleurs pas n'importe quel bois s'il vous plait qu'il parfumme agréablement le pain : notre préférence va au noisetier qui a la bonne idée de pousser sur les haies voisines du four.

Une astuce: on prendra la peine, avant de constituer le bucher, de placer des buches dans le fond et sur les côtés afin de fabriquer du charbon de bois. Les braises de ce charbon de bois serviront en fin de préoaration du four à élever la température jusqu'au blanchiment des briques: ceci signifie que la température est la bonne pour cuire le pain.

C'est le moment d'éliminer ces braises restantes avec le racle puis de finir le nettoyage de la sole avec l'écouvillon ou une balayette qui ne craint pas la chaleur.Ensuite, jettons un peu de farine sur la sole: elle noircit: le four est encore un peu chaud. Il faut rebalayer tout ça. Elle brunit lentement: on peut aller chercher les patons et les enfourner. Ajoutons une coupelle remplie d'eau (pour avoir une belle croute) et fermons le four. 30 minutes après, humons les vapeurs sortantes du four pour s'assurer que le pain est bien cuit sinon, attendre un peu pour retrouver cette bonne odeur bien caracteristique.

On sort le pain, on le place sous un torchon en attendant qu'il refroidisse. Si possible, écarter les gourmands, petits et grands, qui voudraient en manger tout de suite...

RECETTE DU PAIN

Ingrédients :900 grammes de farine: la meilleure type est 65 sinon 45 ou 55; un demi-litre d'eau; une cuillère à café de sel ; 20 grammes de levure de boulanger.

Le pointage: Verser la farine dans un grand récipient; mélanger la levure à de l'eau tiède ( 25 °C); rajouter le sel; verser progressivement l'eau sur la farine jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène; Répandre de la farine sur la table de travail, saupoudrer la pâte de farine pour pouvoir la saisir et la pétrir sur la planche: rouler la pâte sur elle-même et la malaxer ( plus on malaxe et plus on obtient de" trous" dans le pain cuit). COUVRIR avec un torchon et laisser lever la pâte à l'abri des courants d'air. (dans le temps, le meuble appellé pétrin avait un couvercle!) au moins pendant une heure.

Le formage : fariner la table de travail et mettre en forme rapidement le pain: éventuellement étaler préalablemùent la pâte pour y introduire raisins secs, olives etc.. et refermer pour mettre en forme le pain: baguette,boule, couronne, petits coeurs ou autre. Laisser reposer au moins une heure pour que la pâte puisse lever de nouveau à l'abri des courants d'air.puis enfourner et cuire selon les indications ci-dessus.

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