La pente maximale admissible
Les dispositions légales indiquent que l'accessibilité aux édifices publics est garantie dans la mesure où la pente du chemin d'accès n'excéde pas 5%. Ceci conduit à créer des rampes dont la longueur est vingt fois supérieure à la hauteur. Ceci occupe bien de la place et certains concepteurs rechignent à respecter ce maximum, rares sont ceux qui pensent à faire des pentes plus douces quand celà serait envisageable. Précisons que ces rampes ne doivent présenter aucun dévers.
ET POURTANT, le moins que l'on puisse dire est que ce genre d'accès n'est pas du dernier confort: en effet, grimper seul sur ce monticule revient à faire un exercice de poids et haltères de quelques trois kilos pour une personne pesant soixante kilos.Sauf technique particulière consistant à se pencher suffisamment en avant, il y a un risque sérieux de basculement arrière non négligeable dans les montées. La pénibilité de cette situation semble avoir été reconnue par législateur puisqu'une disposition particulière impose pour des trajets supérieurs à 10 mètres d'aménager des paliers de repos d'un mètre quarante lorsque la pente est égale à 5 %. Assez curieusement d'ailleurs, ce genre de palier n'est plus nécessaire lorsque la pente est égale ou inférieure à 4 %... Dieu! que la chose est délicate!
On peut calculer que, pour s'assurer d'un bon équilibre en évitant de trop se pencher en avant dans ce genre de grimpette, il est nécessaire d'avancer la position de l'impétrant de quelques trois centimètres supplémentaires par rapport à sa position habituelle en sol horizontal. L'air de rien pour l'homo pedibus, ce réglage supplémentaire du siège obligera notre sujet à tripler systématiquement l'effort qu'il devait fournir pour vaincre l'inertie en rotation de sa personne à chaque fois qu'il voudra changer de direction. On peut penser que que les conséquences de la mise en oeuvre de pentes de 5 % conduit à une perte de confort des personnes qui voudraient se déplacer manu velocipedus sur de telles voies communales.
La conformité à cette norme de 5% rend, certes, possible l'accès des batiments publics aux handicapés - mais seulement s'ils sont aidés par une tierce personne (sauf le cas de sportifs avérés et en forme).
Pour pouvoir qualifier les voies et chemins communaux d'Accès Autonome Facile, il semble raisonnable de choisir une pente maximale de 2%.
Le devers maximal admissible.
Tout aussi critique que la pente maximale est le dévers que présentent systématiquement les trottoirs. On pourra facilement constater que ce dévers, conçu pour permettre l'écoulement des eaux de pluie vers la chaussée, est très souvent plus important que nécessaire. Ne présentant pas de difficulté pour l'homo pedibus, cet obstacle peut devenir quasiment infranchissable pour la personne en fauteuil. En effet, il est alors nécessaire de compenser, en permanence (même à l'arrêt), l'effet de rotation imprimé par le dévers sur le fauteuil qui n'a de cesse que de vouloir prendre la direction de plus grande pente du terrain. Cette situation est dangereuse: en cas d'inattention ou d'empêchement momentané de tourner ou de bloquer la bonne roue, le fauteuil va immanquablement franchir la bordure du trottoir et provoquer une chute avant sur la chaussée.La force qui imprime ce mouvement de rotation est d'autant plus grande que le sujet est avancé sur son fauteuil. Les réglages préalables liés aux 5 % ne font qu'augmenter cette difficulté.
Dans ce cas, il semble bien que que la qualification d'accès autonome facile ne pourra être donnée qu'aux trottoirs présentant un dévers maximal de 0,5 % contre 2% admis et 1 % recommandé par les dispositions légales.
L'horizontalité des places et placettes publiques:
La fonction même des places publiques est de permettre de se déplacer dans toutes les directions et d'y stationner sans gêne. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l'on ait coutume de choisir des terrains horizontaux pour les implanter. Après les quelques considérations précédentes, on comprendra aisément que cette position horizontale soit particulièrement conviviale dans l'utilisation d'un fauteuil roulant car cela évite de se trouver en situation de dévers quelque soit la direction des roues du fauteuil. Une ligne de plus grande pente de 0,5% du terrain pourraît être admise ... à regret.
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