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Les Bretons et la Bretagne suite

Le royaume et le duché

 

 

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Le Royaume de Bretagne, 814-937.

 
A la suite de la mort de Charlemagne, en 814, son successeur Louis 1er considére que la domination de la péninsule armoricaine lui revient de droit et cherche à la soumettre. Sans tarder, il envoie ses troupes aux portes de la péninsule pour signifier sa ferme volonté de reprise en main de ce territoire..


Ce danger commun force, en quelque sorte, les celtes indigènes et les immigrants brittons à se reconnaître comme étant cousins. Ils reussissent peu à peu à se rassembler en parvenant à constituer quatre comtés indépendants : la Domonée, le Léon, la Cornouailles, le Bro-Erec.

Quatre ans après, en 818, les nouveaux comtés reussissent enfin à s'entendre et désignent un chef en la personne de Morvan, comte de Léon.

 

L'Armorique s'est organisée. Elle est désormais bretonne face aux trois comtés gallo-francs qui l'entourent. Ce sont respectivement les marches de Rennes, de Nantes et de Vannes. Prudent, Louis1er donne l'ordre aux Marches de devenir des territoires militaires de défense car il craint d'éventuelles incursions des bretons. Il convient pour les chefs militaires francs nouvellement arrivés d'inciter descivils à s'installer. Ils ont tout pouvoir pour le faire et désignent à leur guise comtes et marquis autour d'eux. Mais lorsqu'ils veulent se comporter de la sorte dans la péninsule, le "peuple aux longs cheveux" s'y oppose résolument. C'est la guerre!


Morvan n’arrive pas à imposer aux Francs le respect des frontières et pour cause: il est tué au combat. Les combats continuent sous les ordres de son successeur Wiomarc’h pour arriver à vaincre les Francs quatorze ans plus tard, en 826.

 

Devant cette situation, Louis 1er, dit le débonnaire, accepte de désigner le breton Nominoê à la tête de ces comtés. Le calme revient en terre bretonne.
Au début de son mandat, Nominoë est docile vis à vis des Francs. Il lui faut alors modérer les comtes et "tierns" impatients d'en découdre avec les Francs malgré la faiblesse de leurs troupes. Louis le débonnaire meurt en 840.


Ses trois héritiers se partagent l'Empire d'Occident... que les Grecs appellent l'Europe depuis l'Antiquité!

 

A la suite de ce partage les Bretons ont à faire à Charles le Chauve; il a reçu la Franchie Occidentale conformément au traité de Verdun signé le 8 aout 843 . Les deux autres bénéficiaires de ce partage sont Lothaire qui reçoit la Lotharingie et Louis le germanique qui reçoit la Franchie orientale.

 

Comme son père, Charles Le Chauve considère qu'il est en droit d'exercer son pouvoir sur la péninsule armorique. Il sera bien surpris quand Nominoê proclame l'indépendance du Royaume de Bretagne et s'allie avec Lambert, chef de guerre à qui Charles le Chauve a refusé le comté de Nantes. Ces deux alliés ravagent sans tarder le Pays Nantais, Rennes et Angers.


Charles le Chauve est furieux. Il décide de châtier les Bretons.

 

L'affrontement est inévitable. La lourde cavalerie franque, fierté de Charles, est sûre d'elle-même; elle pénétre en territoire breton au cours de l'année 845. Venus du nord, cette armée atteint les environs de Redon sans coup férir. Ses cavaliers revêtus de cuirasses ne craignent pas les coups de leurs adversaires bretons montés sur de petits chevaux et ne portant aucune protection. La rencontre se produit au lieu dit du Ballon (ou Jengland). La glorieuse incertitude de la guerre réserve une surprise aux puissants cavaliers venus de la Franchie Occidentale. Habitués à combattre de près, ils sont surpris par l'habileté de leurs adversaires qui tantôt les attaquent tantôt s'égaillent pour les contourner avant qu'ils aient pu reformer leurs rangs. Il en résulte une défaite cuisante pour les troupes franques.


Dépité, Charles le Chauve doit renoncer à ses prétentions sur la Bretagne.

 

Par le traité d'Angers, signé en 846, il reconnaît l’indépendance de la Bretagne qui assure la liberté du pays et la souveraineté de ses chefs.

 

Après la disparition de Nominoê, Charles le Chauve essaye de nouveau de conquérir la pénisule. Le 22 aout 851, il se heurte à Erispoë, fils de Nominoë, qui le bat au Grand Fougeray sur les rives de la Vilaine. Cette nouvelle défaite le conduit à signer le traité d'Angers au mois de septembre suivant. Il reconnaît Erispoë comme roi des bretons et, de plus, lui concéde les comtés de Nantes, de Rennes et celui de Retz. En contrepartie, Erispoë prête simple hommage à Charles le Chauve. Ceci permet à Charles le Chauve de faire bonne figure. En réalité il ne s'agit pas d'un hommage-lige qui aurait entrainé allégeance c'est à dire fidelité et obéissance.

Les Bretons se souviennent alors de Nominoë, premier roi de Bretagne; il mérite bien une statue que le peuple érige sur la place du village de Bains sur Oust: l'inscription gravée sur la pierre est mémorable:

NEMENOE TADAV BRO (Nominoë pére de la patrie) PENTIERN AV VRETONED ( chef souverain des bretons) curieusement complétée plus tard en latin NOMINOE BRITONNUM REX

 


La Bretagne,un état souverain!

 

L'Empire d'Occident unifié par Charlemagne n'existe plus à la suite du partage effectué entre les descendants de Louis 1er . Le royaume de Bretagne s'est exclu par la force de la Franchie Occidentale pour s'affirmer maitre de lui-même.

Mais, Chers cousins, on peut se demander si cette situation va pouvoir durer longtemps!

 

Arrivée des "Normanni:

La Bretagne s'agrandit. Erispoë a certes été reconnu comme "Roi des Bretons" par Charles le Chauve. Mais il se sent menacé tout autant que son ancien adversaire franc. Des hordes Vikings, les "Normanni", venues de Scandinavie menacent d'envahir le continent. Ce danger pèse sur les côtes franques et bretonnes. La raison l'emporte entre les deux adversaires qui arrivent à s'entendre pour combattre les troupes belliqueuses originaires du Danemark.

 

Pourtant, certains bretons refusent de cautionner une telle alliance. La fronde est conduite par Salomon cousin d'Erispoë. L'opposition entre bretons est farouche. Salomon n'hésite pas à faire assassiner son cousin pour prendre sa place six ans après la proclamation du royaume de Bretagne. La fronde n'a été qu'un pretexte pour prendre le pouvoir; l’accord entre Francs et Bretons perdure malgré le passé!

 

En 868, Salomon s'intitule "prince de toute la Bretagne et d'une grande partie des Gaules " car il a obtenu de son nouvel allié Charles Le Chauve de pouvoir acquérir l'Avranchin, le Cotentin et même une partie de l'Anjou. La Bretagne est dans sa plus grande extension. Mais il ne s'agit pas de la Grande Bretagne Chers Cousins!.


Querelles sanglantes entre Bretons:
A la fin de sa vie, le remords torture Salomon. Il abandonne le pouvoir en 874 et se retire dans un monastère pour y finir ses jours.

Ceux qui succèdent à Salomon ne sont pas des enfants de choeur. Peu s'en faut, Pakwiten et Gurvand gendres d'Erispoë et de Salomon, ont été complices dans l'assassinat d'Erispoë. Ils n'en restent pas là. Ils livrent Salomon aux Francs qui le mettent à mort, le 25 juin 874, après lui avoir crevé le yeux. Sa fin tragique est racontée dans les chaumières : on raconte qu'il a été tué à "Mezer-Salaun" ( martyre de Salaun) près de Landerneau. Cette fin tragique le réhabilite en quelque sorte. L'assassin Salomon est devenu un grand homme. le peuple le considère comme un saint : il est Salaün pour les Bretons. Les habitants de la commune de La Martyre savent qu'ils vivent là où fut commis son assasinat.

 

Avec la disparition de Salomon et les luttes pour le pouvoir qui s'en sont suivies, l'unité du royaume est menacée . Il apparait pour la première fois une rivalité entre la maison de Rennes et celle de Nantes. Les querelles opposent fils, gendres ou batards de Salomon comme les Conan, Hoël, Alain, Geffroi, Eudon ....

 

Excursions des Normanis

Un danger oublié resurgit. Les Normanis sont de retour après avoir sévi du coté de Paris. Devant ce danger, Alain le Grand, frère de Paswiken reussit à refaire l'unité des Bretons en vainquant les Normanis à Questembert en 888. A la suite de cette victoire il est reconnu comme roi de Bretagne . Mais son autorité reste bien fragile.Son règne prend fin en 907.

L'avenir sera funeste pour les bretons. Des invasions venues du nouveau duché de Normandie vont diviser le royaume de Bretagne. L'anarchie qui s'en suit aura raison de son unité au cours des trente années qui suivent.


Naissance du Duché de Normandie et déclin du Royaume de Bretagne

Le roi de France Charles le Simple (dit aussi le Loyal) est le sixième successeur de Charles Le Chauve dont il est le petit fils. C'est dire à quel point la couronne de France a été instable ces trente dernières années. Cette instabilité du pouvoir royal donne pietre figure à la Franchie Occidentale auprès de ses voisins.

Les Normanis sont là, guerroyant de ci de là afin de trouver un territoire sur lequel ils puissent établir leur domination. . Diplomate , Charles le Simple satisfait leur appétit de conquête en appliquant les préconisations de son grand-père : "pouvoir passer de la meilleure façon possible un accord avec les Normanis" .

A cet effet, Charles Le simple institue Hrolfr-Rollon, chef des Normanis, "maître du Pays de Caux" en 911. Cette décision est inattendue pour ne pas dire paradoxale quand on sait que cette donation fait suite à une défaite des troupes normanis commandées par Rollon devant la ville de Chartres.

Le sens politique de Rollon lui fait comprendre l'intérêt qu'il a en se rangeant sous la bannière de Charles le simple. Il rend hommage au roi des Francs. Ce paîen se fait baptiser dès 912 et promet à Charles de le défendre contre ses ennemis. Voilà un vassal qui a les coudées franches pour aller visiter les bretons !

 

Démembrement du Royaume par les Normanis et les Francs
Fort de cet appui de Charles le Simple, les Normanis profitent des disputes interieures sur la péninsule armoricaine pour dresser les bretons les uns contre les autres. Ils envahissent de nouveau le pays faisant la loi sur l'Avranchin et le Cotentin avant de pénétrer dans le comté de Rennes.

Ce sont alors vingt cinq années de désastres et de persécutions du peuple breton abandonné par ses chefs. Les seigneurs quittent précipitamment leurs terres pour se réfugier hors de Bretagne. Même les moines s'en vont. Ils s'éloignent de leurs abbayes ruinées emportant avec eux les reliques de leurs fondateurs.
Charles le simple récompense l'action belliqueuse de Rollon en lui accordant en 924 le pouvoir sur les territoires de la Seine Maritime et ceux de l'Eure auxquels il ajoute en 937 le Cotentin et l'Avranchin. Le territoire ainsi constitué n'est pas autre que celui de la Normandie que nous connaissons bien, Chers Cousins. Ces Normanis qui ont rendu hommage au roi de France sont maintenant des Normands oublieux de leur pays d'origine. Le premier Duc de Normandie Rollon est donc danois.
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Le Duché de Bretagne: 937-1488
 Dans son refuge de Montreuil le moine Jean de Landevennec ne perd pas son temps pendant ces années de désolation qui ravagent la Bretagne. Il veille à l'éducation d'Alain, petit fils d'Alain le Grand, réfugié à la cour du roi d'Angleterre.
Lorsque petit Alain revient en Bretagne par surprise, il vainc les Normannis à Dol, à Plourivo en 937. Il est Alain le libérateur ou Alain Barbe-torte. Les comtés de Rennes et de Nantes sont de nouveau intégrés au Duché de Bretagne dans les frontières acquises autrefois par Erispoë . Comme autrefois, l'unité bretonne s'est forgée dans la résistance à un ennemi commun. Des croix sont "lévées" à Plourivo, à Questembert en commemoration de cette victoire historique sur les Normands.

 

Reconstruction du pays breton:
Les gens du nord ont été chassés du pays. Il n'y reste plus que quelques humbles paysans épargnés par les massacres guerriers. Ils trainent leur misère dans une campagne dépeuplée. Barbe-torte s'efforce d'attirer des paysans venus de loin en leur offrant des avantages très appréciables. Il suprime le servage. Il reconnaît au paysan le droit de quitter sa terre ainsi que le droit de disposer de sa personne et même d'ester en justice contre son seigneur. Revenus après quelques dizaines d'années d'exil, les seigneurs bretons ont retrouvé leurs terres et adoptent les règles fixées par leur suzerain.
Les évènemnts précédents ont bouleversé les relations sociales . Cette nouvelle recomposition de la société bretonne n'apporte pas la même cohésion que celle du passé; un système féodal s'installe peu à peu. Ce système est semblable à celui qui prévaut en Europe.

 

Changement de société:
Ce nouveau code social est contraire à la tradition celte héritée des émigrants brittons qui organisait la société familiale autour d'un chef de famille: celui qui dirigeait le Plou était de même origine que les membres du clan. Ce nouveau système centralisateur s'impose progressivement aux dépens des vieilles habitudes d’anarchie et d’indépendance. Le servage a vraiment été supprimé sauf dans le Léon!
On est passé sous le régime du domaine congéable. C’est original. Cela n’existe qu’en Bretagne : la terre appartient au propriétaire tandis que les édifices sont ceux de l’exploitant ; le propriétaire ne peut congédier l’exploitant qu’en remboursant à celui-ci tous les biens de surface. Cette pratique encourage le défrichement et la mise en valeur des campagnes bretonnes. Avec ce nouveau "contrat social", un certaine distance s'est établie entre le paysan et son propriétaire. De nouveaux petits chefs nommés par autorité ducale viennent d'ailleurs. Ils rudoyent volontiers les gens.Un dicton se répand dans les chaumières:
"Quand Adam bêchait , quand Eve filait, Où donc était le gentilhomme ?"

 

Un environment hostile
Cette nouvelle organisation sociale apporte une certaine cohésion sociale; celle-ci est indispensable pour pouvoir faire face aux nouvelles menaces venues de l'exterieur.

.Le Duché en a besoin. Il est entouré de voisins peu conciliants. Au loin, il y a le roi d'une France émergente. Les Plantagenets sont beaucoup plus proches. Ils encerclent pratiquement la Bretagne. Originaires d'Anjou, ils sont maitres de la Normandie, du Maine et de l'Aquitaine; ces territoires ne leur suffisent pas. Ils regardent avec envie les terres de Bretagne..
Au début du siècle, les Plantagenets ne cachent plus leur prétention de conquérir le duché de Bretagne. Ils privilégient la ville de Nantes à qui ils donnent une importance telle que cette situation leur permet d'exercer une forte pression sur le Duché.


Alain III, nouveau Duc de Bretagne est de la maison de Rennes;. Dès son intronisation en 1008, il ne se laisse pas impressionner par cette lutte d'influence. Il a conscience de l'intérêt de chercher appui auprès du roi de France. Un tel choix est d'ailleurs bien accepté par les seigneurs bretons dont certains sont habitués à la Cour du roi de France. Ces derniers apprécient cette diplomatie habile qui reussit à tenir à distance Eudon de Penthievre, prétendant au trône ducal, ainsi que l'ambitieux Duc de Normandie Rollon. La politique d'Alain III vis à vis des voisins se poursuit sous le règne de ses successeurs Conan II (1040-1066) de la maison de Rennes et Hoêl V (1066-1084) de la maison de Cornouailles.


Le règne d'Alain IV Fergent:


L'année 1084 voit Alain IV Fergent, agé de 17 ans, succèder à son père Hoël V. Son accession au trône n’est pas du goût de tout le monde. Il lui faudra faire ses preuves pour s'imposer . Mais il doit sa nomination à son ascendance très royale qui lui donne le droit reconnu de régner. Fort de ce droit, il n’est pas particulièrement enclin à donner l'hommage que lui demande avec insistance Guillaume le Conquérant, duc de Normandie

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Guillaume tient son surnom à sa conquète de l’Angleterre en 1066. Le comte de Léon l'avait aidé à remporter la victoire de Hastings. Cette ancienne alliance avec le Léon lui permet de prétendre avoir des droits sur la Bretagne; il ravage par surprise le comté de Rennes et assiege la ville de Dol. Pour peu de temps.


Comme jadis le même duc déguerpit rapidement lorsqu'il apprend l'arrivée à Chartres d'Alain IV îà la tête d'une puissante armée levée visiblement pour libérer Dol. C'est peut-être le souvenir de l’éclatante victoire des bretons sur ses ancètres qui a rendu Guillaume moins conquérant.…

 

Après ce succés militaire obtenu sans coup férir, le régne d'Alain IV s’annonce sous de bonnes augures. Il est estimé par son peuple; on rapporte que le Duc rend " prompte et fière justice au peuple". Toutefois, il est frappé par un malheur ,lorsque sa femme Constance de Normandie, fille de Guillaume le conquérant, décède par empoisonnement en 1090. Aucun enfant n'a pu naître de cette union.


Alain IV Fergent et sa femme Ermengarde d’Anjou:
Quelques années plus tard, Alain Fergent apprend l’existence d’une princesse bien dotée, aux nobles vertus et d'une grande beauté. Cette perle rare s'appele Ermangarde d’Anjou , fille de Foulques IV comte d’Anjou et d’Hildegarde de Beaugency. Son père lui a assuré une éducation très soignée après le décès prématuré de sa mère. Ermengarde se montre très pieuse. Alain Fergent s'empresse de deaander la main d’Ermangarde. Cette requête convient parfaitement au comte d'Anjou qui fixe sans tarder la date du mariage.
Alain est particulièrement heureux de s’unir à une telle personne possédant d’aussi grandes qualités, Certaines personnes de l' entourage du Duc affirment, toutefois, qu’elle est douée d’impertinence et qu'elle fait savoir avec force ce qu'elle pense quand quelque chose ne lui convient pas.Ces rumeurs n'affectent en rien la grande solennité du mariage célébré au Chateau de Nantes.

Cette union scelle une alliance bien utile entre le Duché de Bretagne et le Comté d’Anjou face aux ambitions perfides du Duc de Normandie Robert Courteheuse qui, bien qu'il ait hérité de la moitié des terres de son père Guillaume le Conquérant, se trouve à l’étroit dans cette moitié d'héritage.


1095-1101: Alain IV Fergent et la première croisade:

Un souci commun va atténuer pour un temps les différends entre les ducs et leur roi en Franchie Occidentale.

Les nouvelles venues d'Orient sont alarmantes: les turcs Seldjourkides, maîtres de Jérusalem après avoir chassé les arabes abassides de Jérusalem en 1071, ont soumis les populations chrétiennes natives Ils refusent systématiquement de laisser le passage aux pélerins chrétiens vers Jérusalem. Le pape Urbain III s'en indigne.
A l'occasion du Concile de Clermont, en 1095, le Saint Père lance un appel direct aux chevaliers et à tous les chrétiens d’Occident pour qu’ils partent “délivrer“ la Terre Sainte. Une grande partie des évèques sont francs. Pierre l’Ermite est un prédicateur exalté capable d'entrainer seigneurs et pauvres gens sur les chemins de la Terre Sainte en promettant moultes indulgences plénières. “ Deo lo voit“ crie la foule à son passage.
Prompt à répondre à l'appel du Ciel, les plus humbles partent à pied dans l’urgence pour former une troupe peu armée et n’ayant aucune expérience guerrière. A leur arrivée en Terre Sainte, ils se font naturellement massacrer par les cavaliers turcs en octobre 1O96.
Les propos de Pierre l’Ermite sont rapportés en Bretagne à la grande stupéfaction d’Ermengarde outrée que de tels évènements soient possibles. Elle presse son duc de mari Alain Fergent de faire levée de soldats dans les comtés bretons.
Ces évènements tragiques sont connus dans toute la Bretagne. Les comtes s’empressent d’accepter. Tous rejoignent Pontarlier où se trouvent réunies les troupes de Robert Courteheuse, duc de Normandie, d’Estienne comte de Chartres, de Rotrou, comte du Perche, du comte de Flandres, celles d’Eustache frère du comte de Lorraine et celles de bien d’autres seigneurs tous unis par un même élan libérateur.
Ces guerriers à cheval armés de cuirasses sont escortés par de nombreux fantassins. Ils sont suivis par des milliers de pélerins, pécheurs entre tous, hommes femmes et enfants miséreux qui ont tout abandonné pour bénéficier d’indulgences plénières. Tout ce monde se dirige vers l’Italie, passe par Rome puis s’embarque pour atterrir à Derres sur la cote adriatique.
Ils leur faut encore traverser l’Albanie, la Macédoine pour arriver à Constantinople. Là ils sont très bien acceuillis par le Bysantin Alexis 1er le Comnème qui n’est pas faché de les voir car il est en lutte avec les turcs . Puis ils rejoignent les troupes chrétiennes, fortes de six cent mille hommes et cent mille chevaux, dirigées par Geoffroy de Bouillon duc de Lorraine devant Nicée assiégée.
Après avoir pris la ville (Iznik actuelle) à Solyman, général des turcs, ils conquièrent progressivement diverses villes comme Antioche, des chateaux et forteresses pour atteindre Jérusalem où ils pénètrent en juillet 1099. Le massacre des habitants qu'ils perpétuent, n’ a rien d’évangélique... Alain Fergent reste sur place pendant deux ans. Pensant avec ses comparses avoir rétabli définitivement l’ordre, il quitte Jérusalem.
 
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1001-1012 Alain Fergent revient , Ermengarde se retire:
De retour en Bretagne, Alain Fergent ne peut que féliciter Ermengarde pour sa bonne gouvernance du duché pendant son absence. La duchesse n'abandonne pas pour autant le souci des affaires du duché. Son expérience peut être utile. Elle convainc son mari, le "Croisé", de soutenir la réforme du clergé séculier entreprise par Marbode, évêque de Rennes. D'autre réformes lui sont apparues comme étant nécessaires .Elle a remarqué que la justice s’exerce sans règles bien établies. Elle argumente et demande à son ducal mari d’y mettre bon ordre. Celui-ci répond à sa demande en nommant deux sénéchaux : l’un à Rennes, juge universel du Duché et l’autre à Nantes pour le comté nantais seulement; De plus, Il rétablit le Grand Parlement de Bretagne où siègent sous sa direction les meilleurs comtes, seigneurs et notables du duché.
Tandis que s’organise le duché de Bretagne, le duché de Normandie est la théatre de la tragique bataille de Tynchebray,. L’Angleterre se venge de la défaite de Hastings ! Une lutte fratricide oppose Henri Ier Beauclerc roi d’Angleterre, à son frère ainé Robert Courteheuse, duc de Normandie. Ce dernieri est vaincu le 28 septembre 1106. La Normandie reste dans la famillle mais elle est de nouveau rattachée à la couronne d’Angleterre.
La même année, la duchesse de Bretagne s’éloigne de la Bretagne pour se retirer à l’abbaye de Fontevrault à deux pas de Chinon. L’abbaye avait été fondée par Robert d’Abrisel « le prince du désert ». Elle abrite la nouvelle congrégation bénédictine avec son double monastère : masculin et féminin. Profitant de la sérénité des lieux, Ermengarde se méle aux moniales et partage leurs prières. Elle approche en particulier une moniale peu ordinaire. Cette personne s’appelle Bertrade de Montfort , ancienne épouse illégitime de Philippe Ier. Elle s’est séparée du roi à l’insistance pieuse de Robert d’Aibrisel au cours du concile de Paris de 1104. Robert d’Abrisel est un personnage ambigu. Il est réputé grand réformateur de l’Eglise envoyé par Dieu, à une époque où certains membres du clergé se livrent à des abus facilités par le prestige que leur donne la puissance temporelle de l’Eglise. On lui a conféré le droit de pratiquer l’ordalie (jugement de Dieu) dont les méthodes se révèlent arbitraires et cruelles. Il se fait appeler “Maitre“ alors qu'il n'est que simple abbé. Il impose aux bénédictins des règles de vie très dures et les soumet à de dures épreuves comme l’eau bouillante ou le fer chaud. Tout cela est admis et connu par sa hiérarchie. Ces pratiques purificatrices annoncées et le séjour de la duchesse renforcent, aux yeux de certains, la bonne renommée de l’abbaye qui leur apparaît comme un modèle à encourager. L’abbaye reçoit, d’ailleurs, le soutien du frère de la duchesse Foulques V, duc d’Anjou.
La caution apportée par la présence de la duchesse de Bretagne peut masquer une autre réalité. D'une certaine manière, l’ abbaye a besoin d’être réhabilitée aux yeux de la Hierarchie religieuse car des rumeurs circulent au point que le saint homme Geoffroy, abbé de la trinité Vendôme essaye de convaincre en secret Robert d’Arbrisel de renoncer à certaines pratiques dévoilées en catimini qui sont très nuisibles à la bonne réputation des lieux : « …Tu penses ainsi, affirmes-tu, porter dignement la croix du Seigneur Sauveur, quand tu t'efforces d'éteindre l'ardeur de la chair allumée à tort. Si tu agis ainsi, ou si tu l'as parfois fait, tu as inventé un genre de martyre nouveau et sans précédent, mais sans fruit. Certes on ne peut attendre aucune sorte d'utilité ou de fruit de ce qui a été d'évidence entrepris contre la raison. »
Loin de tels secrets d’abbaye, Alain Fergent poursuit ses réformes jusqu’en 1111, année au cours de laquelle il tombe malade. Il se rétablit difficilement. L’année suivante, il se démet au profit de son fils Conan III . Il décède en 1119 à l’abbaye de Saint Sauveur de Rhedon où il s’était retiré comme simple moine. Les neufs évèques de Bretagne l’accompagnent à sa dernière demeure dans le choeur de l'abbatiale de Rhedon


Ermengarde d'Anjou: une sainte femme
« La Duchesse Ermengarde ayant essuyé les larmes de son deuil se donne entièrement au service de Dieu » Elle se retire à l’abbaye de Rhedon pendant six ans . A cinquante ans, elle accompagne son frère Foulques pour son mariage avec la princesse Meliscende, fille de Baudouin, roi de Jéruslem, décédé récemment. Elle séjourne sur les Lieux Saints pendant neuf ans où elle se dévoue au service des pèlerins et des pauvres. Comme à Redhon, elle leur distribue en permanence ses revenus . Par ailleurs, elle apporte son soutien aux religieux et fait notament bâtir une église sur le puit de Jacob Jésus parla à la Samaritaine. Cette vie austère lui convient parfaitement. Toutefois l’insistance de son fils pour la faire revenir en Bretagne la décide d'y retourner. Elle apporte de précieuses Reliques au grand contentement du Duc Conan III et de tout le peuple breton
Après ce retour la duchesse rencontre le patriarche Bernard à qui elle demande de lui trouver une terre où elle pourra réaliser un projet qui lui tient à cœur: à savoir fonder un monastère! En 1136, c’est chose faite à Buzay où elle se retire pour éviter de vivre à la cour de son fils. En 1149, Ermengarde, la bienheureuse, décède à Redhon près de son mari qu’elle rejoint pour l’Eternité.


1112- 1148: Conan III dit le gros
Dans la mise au pas de ses vassaux, Conan III est amené à édicter quelques nouvelles lois pour le duché. Il supprime le droit de Varech condamné par le concile de Nantes en 1127. Ce droit était un privilège ducal qui donnait au seigneur la propriété des épaves et des cargaisons des navires s'échouant sur son territoire. Il réduit les droits d'héritage des seigneurs. Ces réformes peu plaisantes ont été rendues possibles notamment grâce au soutien sans faille de l'Église qui condamne tel ou tel privilège au cours de conciles tel que celuI de Nantes en 1127.


Conan III et la famille Le Borgne
On n'est pas toujours content de ses enfants. Le comte Etienne de Penthièvre en est un exemple parmi d'autres: il décida, vers l'année 1125, à déshériter son fils Robert car il n'ignorait pas que celui-ci était né des oeuvres de Conan III commises en son absence avec sa femme Havoise de Goello. Robert n'est pas aimé de sa mère qui le trouve trop petit et de caractère tétu. N'est-il pas peut-être un témoin génant de son infamie! Envoyé, à douze ans, comme damoiseau à la cour du comte de Poitou, il acquiert peu à peu la confiance du comte par ses bonnes manières et son caractère enjoué au point que celui-ci l'arme Chevalier à sa majorité. Il se marie à l'age de 22 ans avec Plézou de Sanzay dont il a un fils, Guillaume . La destinée de Robert est tracée. Il répond à l'appel de l'évèque Bernard en 1146 qui prèche la deuxième croisade. Malgré la réprobation de sa jeune femme Plezou de Sanzay, Robert part en 1150 pour cette croisade avec des gentilhommes poitevins. Il se bat couragement et il est gravement blessé au point de perdre un oeil; ce mauvais souvenir marquant lui vaut d'être surnommé Robert Le Borgne. Sa descendance portera ce nom. Les exploits de Robert le Borgne ne s'arrêtent pas là. A la fin 1151, Il conquiert le coeur d'une jolie Lévantine dont la mère appartient à une riche famille grecque.. Un fils , prénommé Geoffroy, nait de cette union. Geoffroy est élevé par Baudouin , roi de Jérusalem et reçoit le commandement d'un chateau de garde de Jérusalem. Ses descendants revenus en Aquitaine à la suite d'une alliance avec la famille Bort de Corréze prirent les noms et armes de Vaux. Quant à Robert Le Borgne , il était revenu, entre temps , en Poitou à la demande de sa femme qui, peu rancunière , lui donne une fille en 1158. Prise d'une tendresse tardive, Havoise de Goelllo tient à revoir son fils avant de mourir. elle le fait venir en Bretagne et lui céde la Seigneurie de Chréhéren en 1160 qui demeurera dans la famille Le Borgne jusqu'en 1420


Année 1111: une succession difficile à assurer pour Conan III
Conan III avait été marié à Mathilde fille naturelle d'Henri 1er, roi d'Angeterre dont il a eu deux enfants : un fils Hoël qu'il va répudier avant sa mort en 1149 considérant que c'est un batard, et une fille Berthe qui reste donc sa seule héritière. Berthe épouse en premier mariage Alain de Penthièvre décédé en 1147 dont elle a un fils qui porte le prénom Conan comme son grand père. Elle ne restera pas longtemps veuve puisqu'elle épouse Eudon de Porhoët. Son fils Conan est encore mineur à la mort de son père. La régence va durer 8 ans; elle permet à Eudon de Perhoët de devenir duc de Bretagne par intérim jusqu'à la majorité du futur Conan IV. Toutefois, ce second mariage introduit une multitude de successeurs potentiels et la nomination du nouveau duc excite bien des convoitises. IL n'est guère soutenu par ses vassaux. Dans cette situation précaire , Eudon de Perhoët ne peut préserver la Bretagne des pillages systématiques que lui fait subir Henri II Plantagenêt roi d'Angleterre. Ce monarque, fourbe et cruel.exerce un chantage en gardant prisonnière Alix, fille d'Eudon et finit par la faire mourir de mauvais traitements .


1156-1182: Le règne de Conan IV "le petit" : des Plantagenets aux Capétiens .
A sa majorité, Conan IV accéde bien au trône 1156. L'angleterre s'est faite menaçante. Le Duc est obligé d'abdiquer en 1166 en faveur de Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre. Cette abdication, obtenue facilement, ne satisfait pas totalement les ambitions du roi d'Angleterre qui exige que son troisième fils Geoffroy épouse Constance, la fille unique de Conan. Ainsi par ces diverses alliances plus ou moins forcées, l'Angleterre pouvait enfin prétendre sérieusement avoir quelques possessions en Bretagne. N'est-t-il pas?!


En 1182, les perfides manoeuvres d'Henri II de Plangenêt aboutissent à nommer Duc de Bretagne son troisième fils Geoffroi. Une loi succéssoriale importante est promuguée en 1185. " l'Assise du Comte Geoffroy" impose l'indivisibilité des grands fiefs au profit de l'ainé pour éviter l' emiettement des terres qui affaiblissait progressivement la puissance des seigneurs . Son régne est encore de plus de courte durée que celui de son prédecesseur. Quatre ans plus tard, Il est stupidement tué au cours d'un tournoi en 1187.


1187-1203: Arthur I de Bretagne:un destin tragique

Le jeune Arthur de Bretagne, fils posthume d' Arthur, ne succéde à son père qu'à l'age de quinze ans. A son avènement cet adolescent a la ferme intention d'échapper à la tutelle de son tuteur et suzerain le duc de Normandie Richard, Coeur de Lion qui multiplie ses exigences et interventions en Bretagne. Pour échapper cette emprise , Arthur fait appel au capétien Philippe Auguste, roi de France. Mais c'est "faire appel au renard contre le loup" nous explique l'historien Joseph Chardonnet. Fort de l'appui du capétien, Arthur de Bretagne reprend le combat contre le nouveau duc de Normandie Jean sans Terre. Hélas, ce n'est pas le bon choix : il est livré par la trahison d'un français à Jean sans Terre qui l'assassine et fait jeter son corps dans la Seine en 1203.

 

Les bretons sont outrés. Ils demandent à Philippe Auguste de châtier l'assassin . C'est ce qu'il fait en supprimant au duc de Normadie Jean sans Terre ses droits sur la Bretagne.


Le Duché va aux Capétiens
Philippe Auguste n'est pas géné pour désigner le nouveau duc de Bretagne! Il se trouve qu'il avait arrangé le mariage de la demi-soeur d'Arthur avec un capétien né Pierre de Dreux qui est par mariage héritier du trône. On le nomme Pierre Mauclerc depuis les démêlés qu'il a eu avec le clergé. Le tour est joué: la Bretagne est passée sous l'autorité des Capétiens.


Selon la coutume établie, Pierre Mauclerc prète hommage au roi de France. Fidèle à son engagement il soutient Philippe Auguste et participe à des campagnes militaires en Angleterre en 1216 puis se joint à la "croisade albigeoise " qui permet au roi de France de s'imposer sur les riches terres du comte de Toulouse.

Maitre à l'intérieur de ses terres, il entend bien gouverner pour le bien du peuple breton en priorité, tout en évitant de s'attaquer à ce monarque. Comme ses prédécesseurs, il entreprend de supprimer nombre de pouvoirs exercés par les maitres de terres féodales devenus propriétaires dans des conditions plus ou moins légitimes en multipliant mariage forcé et successions au plus fort.

Ses réformes sont équitables mais suscitent de la rancoeur chez les seigneurs ainsi que chez les évèques eux-mêmes propriétaires de nombreuses terres et bénéficiant du tierçage, taxe ecclésiastique sur les héritages vacants. Rome se fåche; la Papauté ne semble pas avoir la même lecture de l'Evangile que le Duc de Bretagne. Pierre Mauclerc est excommunié. Le Roi d'Angleterre Henri III intervient auprès du Saint Siège et parvient à obtenir le pardon du Duc moyennant la promesse d'alliance entre l'Angleterre et la Bretagne. Il n'est pas parjure vis à vis du roi de France car Pierre n'est lié par aucun serment à Louis IX, successeur de Philippe Auguste.

A la suite de ces évènements, l'autorité du Duc sur les seigneurs bretons est bien fragilisée. Toutefois, un danger commun rapproche le Duc de ses vassaux. Le français Amaury de Craon les attaque à Chateaubriant. Les bretons réunissent leurs troupes pour battre les français. Il y a une trève avant que Louis IX roi de France reussisse à battre Pierre Mauclerc à Chateaubriant et Ancenis. Les capétiens ont retrouvé leur brebis égarée! Pierre Mauclerc cède sa couronne ducale à son fils Jean en 1237


1237-1305: un Duché prospère : .
Jean I le Roux est un fin politique qui maintient fermement les rênes du Duché en réduisant progressivement les avantages de ses vassaux. Il suit la ligne de conduite des capétiens bien que celle-ci soit difficilement admise par ses vassaux plus que jamais jaloux de leur indépendance. Il est en conflit avec le clergé qui obtient que l'évêque de Nantes l'excommunie.
A la succession de son père Jean II trouve un duché florisssant qui semble pouvoir se passer de la tutelle de la France. Contrairement à son père, il n'a pas prêté hommage au nouveau roi de France, Philippe le Bel. II pense même pouvoir s'émanciper de la tutelle française en s'alliant aux anglais en 1294. Une fois de plus, cette alliance va être néfaste aux bretons. Forts de ce rapprochement, les anglais se croient autorisés de ravager Brest. Dépité, Jean II se retourne vers Philippe le Bel qui, bon joueur, confère à la Bretagne le titre de Duché-Pairie. En fait, cette distinction est illusoire car ce titre avait été obtenu depuis longtemps auprès de l'autorité suprême de l'époque à savoir la Papauté.
Petit à petit la politique des capétiens porte ses fruits. On substitue progressivement la notion de souveraineté à celle de suzeraineté. Par le biais de la suprématie du spirituel sur le temporel il suffit que le roi demande à Rome de prendre des décisions que le statut de suzerain ne lui permet pas pour faire appliquer ce qu'il veut. Cette prédominance temporelle de l'Eglise doit être rappelée régulièrement aux seigneurs tentés de prendre leur indépendance. .Aussi et bien qu'étant assurée de la protection du Ciel, la Papauté demande constamment à affirmer son pouvoir temporel comme le rappelle la bulle Clericos laicos de 1296; Boniface VIII interdit, sous peine d'excommunication, à tous les dignitaires ecclésiastiques d'accorder des revenus à une puissance laïque sauf son autorisation.
 
Yves Hélori, le rebelle
Les bretons ne se laissent pas impressionnér par de telles recommandations. Le plus célèbre des opposants est Yves Hélori de Tréguier. Cet étudiant à l'université de Paris, au "titre de la nation bretonne" a poursuivi de longues études juridiques qui l'ont conduit à être nommé Official de Tréguier par l'évèque de ce diocèse. A ce titre, il est chargé d'instruire les causes judiciaires ecclésiastiques. La décision du Pape de prélever un cinquantième des biens de l'Eglise au profit du royaume de France ne lui convient pas. Dès qu'il apprend la nouvelle, il s'empresse de transporter tous les biens précieux de l'évéché dans la cathédrale de Tréguier et prévient ses paroissiens. Les agents royaux ne pourront pas faire appliquer cette mesure car le peuple breton se soulève pour s'y opposer.
Faisant voeu de pauvreté, Yves Helori a une vie simple et austère. On dit même qu'un simple pierre lui sert d'oreiller. Il parcours les campagnes vêtu d'un grand manteau de bure blanche. Ce qu'il a et tout ce qu'il reçoit va aux pauvres auxquels il se consacre sa vie, corps et âme. Il est la providence pour les malheureux qui viennent lui confier leurs misères Il se fait leur avocat auprès des tribunaux. Son charisme rayonne au point que les gens viennent de tous les coins de Bretagne pour le consulter.
Il meurt en 1303 à l'age de cinquante ans. Le pays entier est en deuil. Après sa mort, il est l'objet d'une vénération populaire qui retentit jusqu'à Rome. Il est canonisé en 1347. On construira une église à Rome qui porte le nom de Saint Yves des Bretons tout comme une autre église porte le nom de Saint Louis des Français. Faut-il rajouter que celui que les bretons appelle Monseigneur Yves est également le Saint patron des avocats?


1305-1341: Arthur II et Jean le Bon
Arthur II, Duc de Bretagne, fils de Jean II règne très peu, de 1305 à 1312 année de son décès. Son fils Jean, né d'un premier mariage, régne sous le nom de Jean III le bon. La période relative de paix et de prospérité qui se termine n'incite pas ce même Jean III le Bon à s'inquiéter de l'avenir malgré les recommandations de son entourage. C'est sous son régne, en 1320, qu'est rédigée "La Très Ancienne Coutume de Bretagne". Ce texte fait appel autant à la charité qu'à la justice pour régler les rapports sociaux.Il est directement inspiré de l'Evangile. On peut le considérer comme l'expression écrite du caractère du peuple breton qui a animé Yves Hélori.. Ce texte rend coupable ceux qui ne portent pas secours aux personnes en danger. De plus, il taxe ceux qui ont échappé à une calamité publique pour dédommager ceux qui en ont été les victimes. Jean Le Bon est aimé par la population mais il reste quelque peu insouciant de l'avenir.
Jean le Bon aime dire "après moi le Déluge! "Ce n'est pas très responsable. En effet, comme il n' a pas d'héritier direct, il est tenu de désigner son successeur. Mais le choix est difficile. Il y a deux candidats au trône : Jean de Montfort son frère cadet, fils de la deuxième femme de Jean III ,à qui s'oppose Charles Blois prétendant au trône par son mariage avec Jeanne de Penthièvre, fille d'un frère puiné de Jean III. Appelés à conseiller le roi, les juges y perdent leur latin. A son retour de Flandre, où il avait combattu dans l'ost (armée en campagne) du roi de France Jean III est à l'article de la mort. Le 30 avril 1341, il dit à ceux qui le supplient de nommer son successeur " Que por Dieu on le laissast en paix, qu'il vouloit point charger son ame".et décède.


1341-1365 Guerre de Succession entre Charles de Blois et Jean de Monfort :
La Bretagne est prospère. Cela attise la convoitise de ses deux puissants voisins que sont la France et l'Angleterre. Ces deux grands royaumes se livrent une guerre sans merci depuis qu'Édouard III a annulé son hommage à Philippe VI à la suite d'interventions françaises en Guyanne. Le jeune Edouard III, roi d'Angleterre, fils d'Isabelle de France s'est attribué le titre de roi de France en se basant sur la loi successorale anglaise. C'est le déclenchement d'une longue guerre qui va durer cent ans.

En juin 1340, la flotte anglaise détruit la flotte française, amarrée à l'Ecluse (avant port de Bruges en Flandres).L'amiral français Nicolat Buchet est fait prisonnier et pendu.

A la mort de Jean III , l'affrontement est inévitable entre les deux prétendants au titre de duc de Bretagne. Sûr de son droit, le breton Jean de Montfort s'empare du trésor ducal et rallie le peuple à sa cause en parcourant la Bretagne. Il le fait sans protection particulière. C'est bien imprudent de sa part car Philippe VI s'empare de lui par traitrise en violation d'un sauf conduit et le jette en prison. Le breton Charles de Blois peut profiter de la situation. Il s'empare de la cité ducale et continue la conquête du pays en prenant Auray. La femme de Jean de Monfort, Jeanne de Flandre, défend les revendications de son époux face aux français. Elle n'a pas d'autre ressort que de faire appel aux anglais. Elle s'est réfugiée dans la ville close de Hennebont quand les troupes françaises envahissent la ville en 1342.

Charles de Blois compte bien profiter de cette situation précaire des partisans de Jean de Monfort. C'est sans compter sur l'habileté et l'héroîsme de Jeanne de Flandre. Après avoir laissé s'installer les français dans la ville, Jeanne de Flandre sort nuitamment avec une petite troupe et "boute le feu" au milieu du camp ennemi.. Malgré cette diversion, le siège peut continuer jusqu'au moment où celle que l'on appelle désormais Jeanne la flamme , voit enfin arriver en rade de Lorient l'escadre anglaise forte de 6000 archers; elle est conduite par Amaury de Clisson réputé pour sa bravoure. Craignant le pire, les français quittent les lieux sans autre forme de procès.
Déconfit, Charles de Blois demande secours au roi de France. Averti de tant de querelles, le pape impose aux bretons la "Trêve de Malestroit" en 1343. Mais depuis la querelle entre Philippe le Bel et le pape Boniface VII à propos de l'impot de décime créé par le roi pour ses propres finances, l'autorité du pape est de plus en plus remise en question. Elle n'est plus ce qu'elle a été du temps des croisades qui rassemblaient les chrétiens dans un même combat. La trêve entre les deux prétendants au titre de duc est de courte durée. Philippe de Valois feint de respecter les décisions du Saint Père mais procède à "l'exécution légale" de nombreux jeunes seigneurs bretons, partisans de Jean de Montfort. Jean de Montfort meurt en 1345 laissant un fils de six ans Jean qui peut prétendre au titre ducal.
L'enfant ne reste pas sur le sol breton car il est pris immédiatement en charge en Angleterre par Edouard III. L'année suivante est marquée par la victoire des anglais sur les français à la bataille de Crecy le 27 aout 1346. Les anglais continuent leurs conquêtes. Ils prennent la ville de Calais qui tente de résister. Mécontent de l'hostilité des habitants, le roi requiert des otages si l'on veut que la population ne soit pas massacrée. Six bourgeois volontaires se présentent à la cour d'Edouart III. Ils sont pieds nus vêtus d'une robe blanche; ils portent au cou la corde pour être pendus.
C'est alors que la reine d'Angleterre, enceinte, Philippa de Hainaut ne put se retenir de pleurer et se jeta aux pieds du roi et lui dit:
"Ah, gentil sire, depuis que je repassai la Mer en grand péril comme vous le savez, je ne vous ai rien demandé or, je vous prie humblement et requiers à mains jointes que pour l'amour du fils de Sainte-Marie et pour l'amour de moi, vous veuillez avoir de ces hommes mercy"
Le roi attend un moment, regarde la reine qui pleure, s'émeut et ne veut pas lui faire peine et dit :
"Ah, Madame, j'aimerai mieux que vous fussiez autre part qu'ici ! Vous me priez si tendrement que je n'ose vous éconduire malgré que j'en ai envie. Tenez ! je vous les donne ! faites-en votre plaisir!"
L'entente entre la Bretagne et l'Angleterre semble être harmonieuse à la cour d'Edouart III. Mais dans les campagnes bretonnes, le peuple souffre. Comme par le passé, l'anglais se comporte en pays conquis parcourant le duché sans vergogne et commettant maint maraudages. La situation est devenue insupportable pour le peuple. Comment pourra-t-on réparer de tels affronts?
Un défi est alors lancé entre Chevaliers pour laver l'honneur des bretons. C'est le "combat des trente": le 26 mars 1351, vingt-neuf chevaliers bretons contre vingt anglais, six allemands et quatre bretons s'affrontent entre Josselin et Ploërmel au chêne de Mi-Voie. Au bout de la journée , Jean de Beaumanoir, seigneur de Josselin, est content. Les bretons qu'il a commandés, ont gagné; il est blessé et il a soif. Geoffroy de Boves, son compagnon, prononce cette célèbre phrase : "bois ton sang Beaumanoir et la soif te passera".
Les parties en présence tentent d'établir un compromis qui séparerait la Bretagne en deux : le nord reviendrait à Charles Blois tandis que le sud reviendrait à Jean de Monfort fils. Mais ce compromis ne calme vraiment pas le jeu. De nombreux combats se réproduisent sans qu'aucune victoire définitive ne soit acquise par l'un des deux belligèrants. Finalement, une rude et ultime bataille se déroule à l'automne 1364 près de la ville d'Auray, Charles Blois est tué et son célèbre compagnon Duguesclin est fait prisonnier.
En avril 1365, le traité de Guérande conclu sous l'autorité du nouveau roi de France CharlesV termine cette guerre de succession. Montfort est reconnu duc sous le nom de Jean IV avec hommage dû au roi de France qui impose théoriquement fidelité et obéïssance.


1365-1399 La Bretagne aux bretons: Jean IV "le Vaillant et le Conquérant " (de Monfort)


La Bretagne vient de retrouver son unité. Ne nous étonnons pas, beaux cousins: l'hommage dû au roi de France n'est pas vraiment accepté par le nouveau duc. Elevé en Angleterre où il compte de nombreux soutiens, Jean IV s'entoure volontiers de conseillers anglais. Les anglais en profitent pour faire subrepticement de la Bretagne une base stratégique pour mener d'événtuelles opérations contre le royaume de France. Le roi de France n'est pas dupe. Il lance une nouvelle guerre menée par le breton Duguesclin, fier d'avoir été nommé connétable au service de Charles V. Les français gagnent du terrain et neuf ans après son accession au titre de duc , Jean IV est obligé de s'enfuir en Angleterre . C'est reculer pour mieux sauter. Le sentiment national breton existe malgré la facilité avec laquelle quelques hauts barons bretons se mettent à la solde du roi de France. Une fois de plus l'unité de la Bretagne se refait contre un envahisseur avec la protestation de Jeanne de Penthièvre contre cette violation du traité de Guérande qui supprime ses droits légitimes. Elle n'hésite pas à apporter son entier soutien à Jean IV à qui elle demande de revenir sur le sol breton.
Jean IV revient. Il est acceulli avec enthousiasme à Dinard où il débarque le 3 aout 1379. Duguesclin chargé par le roi d'arréter le duc est abandonné par ses partisans. Il renonce à cette mission pour être remplacé par un nantais Olivier de Clisson autre Connétable de France. Ce dernier ne réussit pas davantage à faire plier Jean IV soutenu par l' assemblée des "Etats de Bretagne" qui demande au roi la reconnaissance du duché. Charles V est intraitable ; il faudra attendre son décès et l'avènement de son fils Charles VI pour conclure un nouveau traité de Guerande en 1381 qui reconnait l'existence du duché. Mais l'Anglais est là et en profite pour confisquer le comté de Richemont et garder la citadelle de Brest en son pouvoir. Malgré ces vicissitudes Jean IV a réussi à conforter l'indépendance du duché en créant une ligne de défense par la construction de nombreuses citadelles au pourtour du duché comme celle de Suscinio. Il crée une artillerie. C'est une première. Il constitue une flotte de guerre pour protéger les navires de commerce. Tout a été possible par une réorganisation des finances publiques qui donnent au duc les moyens de ses ambitions pour la Bretagne. Taxes ducales, impots sur le fouage ( par feux) entre autres sont les moyens qu'il se donne. Le résultat est là; sous son régne, la Bretagne redevient prospère; ce n'est pas sans faire penser à l'époque lointaine où le commerce des Vénètes s'étendait sur toute la facade atlantique.Les petits ports côtiers débordent de vitalité. On y exporte les produits de l'agriculture locale ainsi que les produits d'artisanat. Cette activité enrichit le pays où l'on voit s'achever la construction de grandes cathédrales encouragée par l'octroi d'indulgences qui avaient fait la popularité des croisades désormais oubliées.
Le chroniqueur de l'époque Alain Bouchard cité par Joël Cornette n'hésite pas à parler de "toute la nacion de Bretaigne" . L'apparition de ce sentiment national pourrait bien être l'héritage spirituel laissé par JeanIV. Celui-ci décède en 1399. Le fils Jean qu'il a eu avec Jeanne de Navarre est son successeur légitime. Il est agé de dix ans.


1399-1420 JeanV le sage : entre les anglais et les français
Jean est né le jour de NoëL de l'année 1389. C'est une naissance placée sous bonne augure dans la bonne ville de Vannes au Chateau de l'Hermine où il résidera pendant tout son règne. Sur le plan diplomatique, des alliances lui sont ménagées d'avance par sa famille qui sont conflictuelles: en effet, Il a été marié dès l'âge de onze ans avec Jeanne de France fille de Charle VII pour une alliance avec la France. Mais deux ans plus tard, c'est une alliance avec l'Angleterre qui s'établit par le mariage de sa propre mère Jeanne de Navarre avec le roi d'Angleterre Henri IV alliés aux Bourguignons qui ont des possessions sur le continent.
Le duc de Bourgogne assure la régence jusqu'en 1404. A quinze ans, Jean prend le titre de Jean V . Après le régne fructueux de son père, la Bretagne est respectée en Occident. L'armée et la marine bretonnes sont suffisament puissantes pour que les français ou les anglais recherchent leur appui dans les différents combats qu'ils continuent à se livrer entre eux. A la manière de ses prédécesseurs, Jean V Le Sage marchande à tour de role son appui aux belligérants dans le seul intérêt breton. Il est aidé en cela par ses alliances contradictoires maritale et/ou filiale!
Dans un premier temps, il se méfie plutôt de l’Angleterre. La division régne en France : les Armagnacs tiennent le sud et sont favorables au roi de France. Ils s'opposent aux Bourguignons, alliés aux Anglais, qui tiennent le nord du pays. .
Jean V le sage se tourne d'abord vers les Armagnacs. C'est une période d'euphorie où l'on célèbre l'amitié franco-bretonne. On s'invite. Les bretons vont jusqu'à défiler dans Paris toutes bannières déployées. Cette manifestation est choquante alors que ce genre de défilé militaire est réservé au Roi et à lui seul. Les parisiens se sentent envahis par des troupes qui n 'ont rien à faire dans la capitale. Le roi lui même en éprouve aussi quelque ressentiment qui s'ajoute au déplaisir qu'il avait eu en cédant le fief de Saint Malo pour obtenir l'aide des bretons.
A ce petit jeu d’une alliance exclusive avec la France, l'alliance sacrée entre les familles bretonnes Monfort et Penthièvre se brise. Jeanne de Penthièvre se fait la complice du Roi de France pour attirer Jean V de Monfort dans un guet-apens. Elle l' invite à une somptueue fête à Champtonceaux au cours de laquelle elle le fait emprisonner. Pour éviter toute possibilité de libération par ses partisans, Jean V est souvent changé de prison et l’ on fait même courir le bruit qu’il est mort. Peine perdue! la duchesse Jeanne de France, ne ménage pas ses efforts pour libérer son mari ; elle soulève une forte armée avec l’aide des Etats de Bretagne pour obtenir la libération du Duc. Ses fidèles barons assiégent un à un les châteaux des Penthièvre jusqu’à s’emparer de la comtesse douarière Marguerite de Clisson qui est bien obligée de faire libérer Jean V pour recouvrer sa liberté.
La vengeance de Jean V est implacable: "il ordonne la destruction du Chateau de Champtoceaux ce qui oblige les Penthièvre à se réfugier en France. Deux des fils de Marguerite de Clisson sont exécutés pour crime de lèse-majesté tandis que le troisième est emprisonné pendant 25 ans"
 
1420-1442 Jean V le sage : un Duché florissant et respecté
 
Jean V est libre. Il a affirmé son autorité vis à vis de ses vassaux par les mesures particulièrement dures comme celles qu'il a pris contre les Penthièvre.
il tient à préserver la paix en Bretagne. Il ne participe plus directement au conflit entre anglais et français bien qu'il garde une préférence pour son plus proche voisin; il donne des gages en envoyant son propre frère Arthur de Richemont, accompagné de ses barons les plus belliqueux combattre aux cotés de Jeanne d’Arc pour chasser l’Anglais hors de France.
 
Jean V est soucieux de garantir la pérénnité du duché. Pour cela, il a compris tout l'intérêt de former une élite capable de gérer la Bretagne hors de toute influence étrangère. Dès 1414, il avait fait paraître un décret prévoyant la création de l'Université de Nantes: " Nous statuons et ordonnons que désormais dans cette ville de Nantes il y ait à perpétuité dans l'avenir un Collège Général et une Université tant de théologie que de droit canon, de droit civil et de médecine et de toute autre faculté licite dans lesquels, comme à Paris, Bologne, Avignon, Sienne, Angers, tous les ecclesiastiques... ainsi que les laics, maîtres et docteurs, et tous les autres grades qui seront susceptiblqes d'êtres conférés à ces sujets méritants enseigneront, et ceux qui veulent étudier étudieront et pourront , s'ils le méritent recevoir les grades de bachelier, licencié,docteurs et maître et tous les autres grades qui seront susceptibles d'être conférés à ces sujets méritants." Cet ambitieux décret ne peut s'appliquer qu'avec l'autorisation du Pape. La négociation est difficile face aux intérêts et convoitises des autres universités jalouses de leurs prérogatives. L'Université de Nantes ne sera crée que cinquante ans après la parution de ce décret sous le règne de son neveu François II.
Pour le salut de l'âme de ses sujets, Jean V fait venir le talentueux prédicateur catalan Vincent Ferrier. A son arrivée en Bretagne, celui-ci n' a pas une haute idée des moeurs bretonnes. Il pense que ces bretons ne savent que" danser des rondes, recourrir aux conjurations et aux sortilèges, et compter combien il y avait de deniers dans un florin" . Mais quel talent n'a t-il pas! En préchant la menace de la fin du monde imminente si les hommes ne changent pas, il parvient à transformer ce peuple en chrétiens fervents. Ces hautes préoccupations n’empêchent pas les courtisans de se divertir. La Cour de Bretagne est brillante. On y tient de somptueuses fêtes à faire palir d’envie le suzerain francais. Il est vrai qu'il y a d’autres soucis pour l’instant car les anglais continuent à lui chercher querelle en permanence. Dans cette situation, il vaut mieux avoir la Bretagne de son coté et les belligérants tiennent à garder sa neutralité dans le conflit qui les opposent.!


Jean V décède en le 29 aout 1442 à Nantes.


1442-1457 François Ier de Bretagne, Pierre II le Simple se succédent:
Le breton François Ier succéde à son père. Il est le fils ainé de Jean V .Son avènement est bien acceuilli et lui vaut d'être nommé le Bien-Aimé . Les hostilités entre français et anglais se poursuivent sous son régne. Mais elles sont marquées par des tentatives d'envahissement de la Bretagne par les anglais.Ceux-ci prennent Fougères en 1449. Les troupes du Duc demandent de l'aide aux français avec lesquels ils chassent les anglais et les poursuivent jusqu'à ce qu'ils quittent la Normandie. L'occupation de Fougères en 1449 par les anglais a donc été l'occasion pour les français de soutenir les bretons jusqu'à obtenir l'éviction des anglais de la Normandie. Un an après François Ier Le Bien Aimé décède en son manoir de Saint Avé.
Son frère Pierre II lui succéde et peut voir enfin l'anglais être bouté hors de France par son éviction de la Guyanne (territoire du bordelais) à la suite de la bataille de Castillon . La guerre de cent ans a pris fin.
Pierre II dit Le Simple a été marié en 1442 avec Françoise d'Amboise . La nouvelle duchesse a été élevée à la cour de Bretagne. Elle garde grand souci du bien être des bretons. Elle obtient en particulier que son mari écarte un impot voté par les états de Bretagne qui ne semblait pas absolument nécessaire. Le régne est de courte durée: Pierre II tire sa révérence en 1457 suite à une maladie.
Restée veuve, le titre de Duchesse de Bretagne de Françoise d'Amboise fait des envieux. A son avénement au trône de France Louis XI cherche à la remarier pour créer de nouvelles alliances favorables au trône de France.La Duchesse résiste à ces pressions et se retire dans un couvent; elle fonde par la suite le premier couvent de Carmélites. Son charisme est reconnu dans toute la Bretagne..
" Religion sans charité n'est que corps sans âme et fontaine sans eau"
Le Pape Innocent III la proclame bienheureuse

 
1457 -1458: Arthur III le justicier:
 
En 1457, Arthur de Richemont oncle de Pierre II est le prétendant légitime au titre de Duc de Bretagne. Il est resté de longues années au service du roi de France comme connétable tout comme deux autres bretons qui sont Bertrand Duguesclin et Olivier de Clisson. Il reste loyal au roi de France et conserve son titre de connétable après sa nomination à la tête du Duché . Arthur III de Richemont dit le "Justicier" est un "grand gaillard de 64 ans" qui ne se laisse pas influencer facilement. Il évite par tous les moyens de se soumettre à l'hommage-lige exigé par le roi de France à chaque intronisation des ducs. Il ne le fera pas; il considère que "le duché n'a jamais fait partie du royaume (de France) et qu'il n'en est pas un démembrement". Son régne est de courte durée: la mort le surprend un an après son accés à la tête du duché .
 
1458 -1488: François II
 
Le petit fils de Jean IV par son père Richard d'Etampes, neuveu de Jean V, François II succéde à Arthur III de Bretagne à l'age de 23 ans.
François II a reçu une bonne éducation à la cour des Valois en Touraine et en Orléanais. De ce fait, il connaît mal la Bretagne. Mais il est"beau faisant voir son entretenement, son haut maintien et noble contenance" Ceci explique sans doute l'enthousiasme populaire qui accompagne son couronnement.
Comme ses prédécesseurs, François II se considère comme duc souverain. Il se déclare Duc de Bretagne par la grâce de Dieu en frappant monnaie d'or et d'argent portant la devise "Dei Gratia". Il a beau jeu car la livre bretonne est plus forte que la monnaie royale. A la manière du roi de France, Il anoblit qui lui plait et même nomme les prélats bretons.
La courte devise gravée sur un de ses bijoux en dit long sur sa conception de la vie: " Il n'est de trésor que de liesse. Il pratique allégrement tournoi, chasse et fêtes...
Il s'installe à Nantes. Les trois premières années de son règne sont tranquilles. Il tente de développer la nouvelle Université de Nantes enfin autorisée par le Pape. Ce n'est pas sans difficultés car la concurrence est sévère de la part des vieilles universités de Paris, Orléans et Angers. Soucieux de renforcer l autorité de l' état breton il procéde assez rapidement à une certain nombre de réformes importantes concernant, en particulier, la justice.
 
Tout au long de son régne François II s'ingénie à garantir l'indépendance de la Bretagne. La tache n'est pas facile depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau roi de France. Louis XI a été couronné en 1461. Il poursuit inlassablement une politique d'unification de la France. La vélléité d'indépendance du duc de Bretagne fait qu'il est considéré comme un vassal rebelle qu'il faut dominer.Une lutte d'influence sans merci s'engage entre les deux parties bien qu'ils évitent de s'affronter directement.
Dans cette lutte d'influence François II participe aux luttes féodales dirigées contre le roi de France en soutenant les Bourguignons. Cette coalition perdure jusque dans les années 1480.jusqu'au moment où Les Bourguignons voient leurs chefs disparaître les uns après les autres. La mort du duc de Normandie, celle du duc d'Alençon et celle de Charles le téméraire duc de Bourgogne en 1477 isolent la Bretagne de ses alliés normands.
 
Pour garder son indépendance François II recoure à la force. Il lui faut augmenter les impôts afin de renforcer ses moyens miltaires. Les états bretons tenus par la haute noblesse surveillent de près toute modification de la fiscalité; aussi le duc donne-t-il des gages aux états en leur conservant le droit au consentement de l'impot extraordinaire. Le fouage et la taxe sur les vins ne sont pas des impots extraordinaires; François II ne tardera pas à en augmenter fortement le taux.
Fatale décision! La haute noblesse où l'on trouve les Penthievre, Rohan et autre Rieux, est fort mécontente de ce genre de procédé et se tourne progressivement vers le roi de France.
Mais François II ne se laisse pas impressionner par le revirement de ses vassaux. Conseillé par Pierre Landais, le duc cherche à nouer de nouvelles alliances à l'extérieur de la France. Son projet consiste à enserrer la France dans une triple alliance liant la Bretagne, l'Angleterre d'Édouard IV et l'Autriche de Maximilien. Un projet de mariage de la toute jeune héritière Anne de Bretagne avec le prince de Galles, fils du roi d'Angleterre est même envisagé pour conforter l'alliance avec les anglais. .
Le roi de France Louis XI n'est pas un foudre de guerre. Bien que disposant d'une armée puissante, il préfère étendre son pouvoir grace à des intrigues en favorisant des trahisons chez ses ennemis. Il suscite le ralliement de grands nobles bretons par l'octroi de pensions ou tout simplement en leur achetant des droits à la couronne ducales comme ceux que prétendent avoir les Penthiévre. A sa mort en 1483, la régente Anne de Beaujeu lui succéde. Elle poursuit et conforte la politique du défunt.
Le rapport de force entre la Bretagne et la France a évolué au cours des dernières décennies. Il est nettement en défaveur des bretons. Après avoir reussi à ramener à la couronne de France de nombreux nobles bretons le régente Anne de Beaujeu lance l'armée française à la conquête de la péninsule. Les bretons qui n'ont pas connus d'invasion depuis fort longtemps, se laissent surprendre avant de pouvoir réagir. Malgré la reconquête de quelques villes comme celle de Vannes, ils doivent s'incliner face à une armée équipée d'une artillerie moderne très puissante qui permet d'enlever les chateaux les uns après les autres.La débacle des troupes bretonnes est complète.

Après la défection des villes de Saint Malo et de Dinan, François II demande l'armistice. Le traité du Verger du 20 aout 1488 sonne le glas de la superbe indépendance bretonne. François II est définitivement vaincu. Il s'engage à ne plus s'opposer au royaume de France. Quatre villes sont désormais occupées par la France. Saint Malo, Fougères, Dinan, Saint Aubin du Cormier sont autant de places fortes face au danger d'invasion éventuel des anglais. Pire encore: aucun héritier male ne peut prétendre au titre de duc. et les princesses filles du duc ne pourront pas être mariées sans le consentement du roi. Naturellement, l'hommage lige au roi devra être fait au plus vite. Le duc doit obéîr et suivre les prescriptions de la Cour du Parlement de Paris.
Deux mois après le Traité du Verger François II meurt à la suite d'un accident de cheval . Il laisse un duché profondément divisé et ruiné par la guerre. Son héritière Anne n'a que 11 ans.


Anne de Bretagne, la légendaire " bonne Duchesse en sabots":
Chers Cousins! Comment parler d'Anne de Bretagne en ignorant la légende attachée à "la bonne Duchesse en sabots"
Que d'anecdotes n'ont-t-elles pas été rapportées dans les chaumières bretonnes à son sujet? Nous pouvons choisir celle qui paraît être l'une des plus significatives pour illustrer l'âme bretonne.:
C'est au cours d'une partie de chasse à laquelle participe sans grand plaisir la duchesse. Le gibier n'est pas bien gros; il s'agit d'une magnifique hermine de couleur blanche à peine visible sur les champs enneigés. Elle fuit éperdument devant ses cruels poursuivants qui l'aperçoivent difficilement . Mais soudain, elle s'arrête pour ne pas tomber dans un marécage noir et nauséabond. Alors, elle se retourne et se dresse pour faire face ses ennemis attendant sereinement le triste sort qui l'attend. " Plutôt mourir que se souiller! La belle devise que voilà" s'exclame Anne
Les preuves matérielles de ses périples dans le pays sont foison!
Allez donc, Chers Cousins, voir l'empreinte de son pied sur la cèlèbre Kroaz ar rouanez , la croix de la reine" à Saint-Jean-du-Doigt où elle descendit de voiture pour se faire soigner d'une infection périoculaire...
Pierre de Bourdelle dit Brantome, chroniqueur célèbre est connu pour le mordant des portraits qu'il dresse des personnages célèbres qu'il a connus. Mais il doit craquer pour la duchesse car il l'a décrit comme " étant toute charmante...Sa taille était moyenne et bien prise.Il est vrai qu'elle avait un pied plus court que l'autre le moins du monde, mais malaisement s'en apercevait t-on; pour cela sa beauté n'était point gatée . Il ajoute dans une autre chronique qu'elle est" sage , honneste, fort miséricordieuse et fort charitable".
Le vieil 'historien d'Argent est séduit: "elle a le coeur infiniment hault, hardy et indomptable"

D'autres personnages sont moins indulgents à l'égard de la souveraine: "Elle est petite, maigre de sa personne boiteuse d'un pied et d'une façon sensible, brunette et jolie de visage, et pour son age fort rusée" écrit Zaccaria Contarini qui restera à nos yeux qu'un triste ambassadeur vénitien!
"La dignité naturelle de la démarche de cette brunette et dans ses yeux vifs d'un noir profond une expresssion singulière d'intelligence et de volonté marquent les esprits de tous ceux qui la rencontrent peut-on lire encore sous la plume de F. Cadi.
 
1488 le règne d'Anne de Bretagne: Duchesse de Bretagne et Reine de France
L'enfance de la Duchesse n'a pas été particulièrement heureuse. Elle a perdu sa mère à l'age de neuf ans et, trois ans plus tard, a vu disparaître son père ainsi que sa soeur Isabeau.

 

L'Histoire a placé la Duchesse dans une situation périlleuse contre laquelle elle va constamment s'efforcer de lutter pour protéger le peuple breton. Celui-ci lui restera très attaché bien son règne ait été marqué par la disparition du Duché de Bretagne au profit du Royaume de France.
 
Le régne de son père et ceux de ses prédécesseurs avaient été une succession de luttes sanglantes contre le roi de France et aussi contre leurs propres barons prompts à la trahison en faveur de la France pour quelques avantages matériels.


Le paysan breton a été lui-même longtemps victime des exactions des différentes armées qu'elles fussent anglaises, françaises ou pire encore bretonnes! Ces dernières armées sont menées par des barons, bretons certes, mais imposés de l'exterieur des "plou" originels. Ces nominations étaient contraires à la tradition qui donnait l'autorité exclusivement à des hommes du pays reconnus pour leur charisme En fait, les paysans bretons vivaient dans la crainte permanente d'être les victimes de toutes sortes de tourments.
Les finances du duché étaient désastreuses.

A l avènement de la Duchesse Anne, la monnaie s'est dépréciée fortement au point que l'écu d'or passe de 27 sols 6 deniers bretons en 1485 à 50 sols en 1490. Les prix augmentent; l' impot du fouage vient d'être doublé. C'est la crise et les mesures décidées pour l'enrayer sont quelque peu désespérées. On impose des contributions aux possédants qu'ils soient officiers, évêques ou financiers alors que ceux-ci profitent bassement de la crise pour augmenter les rentes sur les emprunts. Rien n'y fait, les bijoux de la souveraine sont placés en gage, on fond la vaisselle ducale pour la transformer en monnaie...
La Duchesse se trouve prisonnière du récent Traité du Verger. Dès sa nomination comme héritière légitime du Duc, le roi de France Charles VIII s'empresse de lui,interdire la couronne et tente de lui imposer une tutelle royale pendant sa minorité. Son tuteur, le maréchal de Rieux, grand baron de Bretagne, refuse.
La brunette a du caractère. Pour affirmer son indépendance, Anne prête serment, à Rennes, sur les évangiles et les reliques: elle est religieusement couronnée ce qui lui confère le titre légitime de Duchesse de Bretagne. Mais les nobles bretons boudent quelque peu la cérémonie tandis que le peuple l'acclame. On rapporte même que "bourgeois et petites gens se chargèrent de solder les frais de la fête en considérant la pénurie de trésor ducal"
La France rentre rapidement en guerre contre la Bretagne en janvier 1489. les alliances conclues par François II avec les puissances ennemies de la France se concrétisent par quelques actions de débarquement de troupes allemandes à Roscoff tandis que 6000 auxiliares anglais envoyés par Charles VIII d' Angleterre s'empare de Morlaix; quelques 2000 espagnols conduits par le duc de Salinas reprennent temporairement des villes occupées par les Français.
L'allié des bretons Maximilien d'Autriche est en lutte contre la France. Il cherche à protéger le Duché et surtout à faire cesser les ruineux combats entre la France et l'Autriche . A la fin de l'année 1489 il choisit de signer avec Charles VIII un traité confidentiel suivant lequel la Duchesse devra faire partir les troupes étrangères de Bretagne tandis que la France retirera ses propres troupes du territoire breton.
La situation trouble dans laquelle se trouve le pays crée la misère et favorise de nouveau le développement du banditisme ainsi que l'éclosion de jacqueries; l'insécurité s'est de nouveau installée dans le pays.
La Duchesse est opiniâtre. Elle veut s'opposer personnellement contre ces mauvaises pratiques. Contrairement à l'avis de ses conseillers, elle décide, au printemps 1490 de parcourir le Duché pour évaluer et choisir les moyens de faire cesser le désordre établi
Ce contact direct avec les paysans est insolite. Son passage dans les campagnes donne l'illusion d'une paix retrouvée sous l'autorité d'une Duchesse omnipotente. Anne est acceuillie avec entousiasme par les populations paysannes. Une telle démarche engendre dans l'esprit des petites gens l'idée d'une "Duchesse en sabots" apportant au peuple une protection providentielle. Cette image idyllique restera gravée pour longtemps dans la mémoire populaire comme pour garder malgré tout quelque espérance dans un l'avenir meilleur. Le paysan breton lui a donné son coeur. Aucun duc ni aucune duchesse n'ont reçu autant de louanges de son vivant comme durant cinq siècles après sa disparition.
Mais la marche de l'Histoire pendant l'année 1490 est inexorable :
Le traité franco-autrichien prend effet dès le mois de juillet 1490 après son acceptation par la Duchesse. Les anglais sont d'accord pour regagner leur ile. Mais ils demandent préalablement à être dédommagés pour leur action passée.. La Duchesse ne peut fournir les 240000 livres exigées et doit leur laisser les villes de Morlaix et Concarneau en gage en attendant de verser la somme requise.
La situation trouble dans laquelle se trouve le pays persiste. La misère s'est augmentée. Les pillages anglais sont remplacés par des pillages de gens du pays.Le banditisme est perpétré notament par une "commune" dirigée par "Jean l'ancien" qui sévit sans rencontrer d'opposition aussi bien dans les villes que dans les campagnes; celles-ci ont été totalement abandonnées par les barons et leurs armées. La ville de Quimper est incendiée et pillée pendant le mois de juillet: "Ils y firent beaucoup d'insolence. Ils n'épargèrent pas le sang des habitants et ils firent tous les actes d'hostilité " rapporte le chanoine Moreau cité par Joël Cornett
Comment faire face à cette crise ? Une solution dynastique pourrait renforcer la situation du Duché face à la France. Parmi tous les nombreux prétendants qui se présentent à elle, la jeune duchesse accepte de se marier avec le souverain d'une grande puissance qui n'est autre que Maximilien d'Autriche , le roi des romains appelé à devenir empereur du Saint Empire germanique! Le contrat de mariage duement accepté par les états de Bretagne est signé le 16 décembre 1490.
Cette décision rencontre naturellement l'opposition de Charles VIII car elle range la Bretagne parmi les ennemis de la France. Le récent traité franco-autrichien est naturellement désormais caduque et la France reprend la guerre contre la Bretagne avec la ferme intention de s'imposer définitivement. Nantes est livré à Charles VIII par Alain d'Albret, prétendant dépité. Rohan s'empare de la Basse-Bretagne et les forces royales s'emparent de nombreuses villes bien incapables de résister à leur invasion. Ces forces atteignent Rennes où s'est réfugiée Anne.
La Duchesse y a été acceuillie avec enthousiasme par une population désarmée prête cependant à se sacrifier pour elle.
. Après que les troupes royales aient effectué le siège de la ville, Charles VIII lance un ultimatum à la Duchesse. Elle devra renoncer à son mariage blanc avec Maximilien pour épouser un prince français. Anne refuse toute alliance avec des princes français mais finit par accepter à contre coeur de se marier avec le roi lui-même. : "Faut-il que je sois infortunée d'être amenée à prétendre mariage d'u hommme qui m'a si mal traitée? " confie-t-elle à ses proches.
Il n'y a aucune difficulté pour que son premier mariage soit rapidement annulé par le pape car elle n'avait jamais rencontré Maximilien même pas pour les noces où ce dernier avait été simplement réprésenté.
Les fiançailles avec Charles VIII sont alors prononcées sans tarder à la magnifique chapelle des Jacobins à Rennes. Anne se rend ensuite à Langeais escortée par son armée pour les noces. Cette accompagnement breton montre qu'à l'évidence Anne est libre de son choix en ce triste jour du 6 décembre 1491!
Le contrat de mariage prévoit que les bretons n'auront à payer que des impots consentis par les états de Bretagne. , le droit de réserver les octrois à la défense du pays et le droit pour les bretons de n'être jugés qu'en Bretagne.
Une dernière disposition prudente de la royauté français est de faire par Anne qu'elle accepte d'épouser le successeur du Charles VIII en cas de décès de celui-ci sans enfants.
Charles VIII décède en 1499 ayant eu le malheur de heurter violemment le chambranle d'une porte basse au château d'Amboise. La dernière disposition du contrat de mariage ne semble pas pouvoir s'appliquer car le successeur Louis d'Orléans est marié à Jeanne, la fille de Louis XI.
Qu'importe! La Raison d'Etat ne connait pas la Morale.. Le premier mariage de Louisd'Orléans est annulé par le pape en établissant tardivement qu'il s'était agi d'une union forcée. C'est bien là une raison suffisante pour que l'on envoie Jeanne, cette sainte femme, finir ses jours au couvent tandis qu'Anne, incapable de protester, doit suivre les termes du contrat de son premier mariage royal.
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Anne la toujours "bonne Duchesse en sabots" n'a pas oublié son cher peuple breton dans le contrat lié à cette cette dernière union Elle obtient le retrait des troupes françaises des quelques villes qu'elles occupent encore. Louis d'Orléans accepte même qu'à la mort de La Duchesse-Reine la Bretagne reste une entité indépendante. Toutefois, Anne ne peut pas empécher le mariage de Claude, leur fille, avec François d'Angoulème, héritier présomptif de la couronne de France.
François d'Angouléme n'est autre que ce grand roi de France, figure emblèmatique de la Renaissance en France que l'on connaît beaucoup mieux sous le nom de François Premier. Son règne fait partie de notre histoire.


Le Bretagne a intégré un grand pays qui le lui vaut bien! Une annexion bien réciproque!



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